samedi 29 octobre 2011
Inondations : la Thaïlande en état d'alerte maximum
Les autorités thaïlandaises tentent d'empêcher que le centre de Bangkok ne soit inondé ce week-end. Et incitent ses habitants à quitter la ville. Les inondations qui touchent le pays depuis août risquent de coûter cher à l'économie du pays.La Banque nationale de Thaïlande vient de ramener à 2,6 % seulement sa prévision de croissance pour 2011.
Véritable poumon économique de la Thaïlande, Bangkok se prépare à affronter un week-end à haut risque. C'est en effet samedi ou au plus tard lundi que la rivière Chao Phraya qui traverse la mégalopole devrait dépasser de 2,6 mètres son niveau habituel. Le centre ville de Bangkok, et ses quartiers d'affaires, seraient alors à leur tour atteints par les inondations sans précédent depuis 50 ans qui touchent le paysdepuis le mois d'août dernier. Les grandes marées devraient en effet rendre moins efficaces les opérations de drainage et l'action des bateaux pompes qui, tout au long de la Chao Phraya évacuent l'eau vers la mer. Pour l'heure en effet, seul le centre ville reste au sec. Depuis mercredi, les quartiers bordant la rivière sont déjà inondés, des infiltrations ont eu lieu dans l'enceinte du Palais Royal au nord-ouest de la ville. Plusieurs quartiers ont d'ores et déjà été évacués, et «d'autres devraient l'être dans les deux ou trois prochains jours », a admis le gouverneur de Bangkok Sukhumbhand Paribatra. Le Premier ministre, Yingluck Shinawatra, qui fait face à sa première crise majeure depuis son arrivée au pouvoir, il y a deux mois, a prévenu qu'il fallait s'attendre à ce que certaines zones de la capitale restent inondées pendant un mois. Et admis qu'il n'y avait qu'une chance sur deux pour que la capitale ne soit pas inondée.
Car au delà du symbole que serait l'inondation de la capitale _ du jamais vu depuis celles de 1983 et 1995 _ , c'est le poumon économique du pays qui sera atteint. Ce vendredi, la Banque nationale de Thaïlande a ramené sa prévision de croissance pour 2011 à 2,6 % (contre 4,1 % jusqu'à maintenant) en laissant entendre que ce chiffre pourrait encore être abaissé si le centre de la capitale était touché,. Et depuis quelques jours certains experts du gouvernement laissent même entendre en privé que la croissance pourrait être inférieure à 2 %.
De fait, 60 des 77 provinces du pays sont touchées et si on compte 373 morts et 2 disparus, près de 2,6 millions de personnes seraient sans toit et 1,2 millions d'hectares de terres cultivables sous les eaux.Toujours officiellement, la facture financière est évaluée à moins de 3 milliards d'euros. Mais, d'ores et déjà, un plan d'aide à la reconstruction de 7,3 milliards d'euros, destiné aux PME, a été annoncé. Et la Chambre de commerce et d'industrie du pays avance un coût plus proche de 9 milliards d'euros. Il est vrai que 10.938 entreprises ont fermé leurs portes et que quelques 660.000 salariés sont de ce fait en chômage technique. Toyota a fermé ses trois sites de productions, Honda a également abandonné ses usines noyées, Nikon a arrêté sa production depuis le début d'octobre et Canon qui a déplacé la production de deux de ses sites vient d'abaisser ses prévisions de résultats en raison de la cherté du yen et ... de la situation en Thaïlande. Quand aux usines de Western Digital, qui assurent 60% de la production mondiale du numéro un des disques durs, elles ont aussi touchées par la montée des eaux. Sans oublier le manque à gagner touristique. Près de 1,7 millions de touristes pourraient ainsi ne pas venir dans le pays.
Sauver les quartiers d'affaires
La priorité pour les pouvoirs publics est donc désormais d'empêcher que le centre de Bangkok et ses quartiers d'affaires ne soient inondés. Car les digues installées depuis plusieurs semaines en recourant à près de 10 millions de sacs de sables seront sans aucun doute insuffisantes. La cellule de crise mise en place par les pouvoirs publics (le Froc) essaye de parer au plus pressé. Et accélère notamment les opérations de drainage autour des voies d'accès qui peuvent permettre l'évacuation de la population. Car depuis qu'à été décrété un congé exceptionnel de cinq jours, le Froc et les pouvoirs publics incitent les habitants de la capitale a rejoindre des zones moins risquées du Sud. Et dans la limite où ils peuvent le faire, nombre de thaïlandais ont abandonné la capitale, même si les transports sont en effet perturbés. Sur les 140 entrées et sorties que compte le métro de Bangkok, la moitié ont été fermées. Les trains on également subi de fortes perturbations ce vendredi. Quant aux transports aériens, ils sont encore possible à partir de l'aéroport international de Suvarnabhumi , mais pas de celui de Mon Dueang, qui assurait l'essentiel des vols intérieurs. Fermé depuis plusieurs jours il était, ce vendredi, inondé à près de 90 % de l'aveu même de son directeur. Dans la journée de jeudi plusieurs barrages qui ceinturaient les lieux ont en effet cédé laissant l'eau envahir les parkings où de nombreux habitants avaient garé leurs voitures ... les croyant à l'abri.
Rationnement et envolée des prix
Si de nombreux habitants on déserté la capitale, pour ceux qui restent la vie s'organise avec plus ou moins de facilité. Les prix de certains produits s'envolent à commencer par ceux de l'eau ou même des oeufs qui sont multipliés par cinq voir par dix dans certains endroits. Même constat pour un autre produit recherché que sont les bottes en caoutchouc.Plusieurs magasins de Bangkok ont commencé en milieu de semaine à imposer des mesures de rationnement. Dans un supermarché situé au coeur de la capitale, les clients n'ont désormais plus le droit qu'à un paquet de riz et une boîte d'oeufs par personne. Le papier toilette est également rationné. Pour tenter de faire face à cette situation, le gouvernement a approuvé des importations d'urgence pour trois catégories de marchandises: l'eau potable et les denrées alimentaires (conserves de poisson, oeufs, lait, nouilles instantanées, légumes frais), les produits de consommation courante (papier hygiénique, savon, dentifrice et brosses à dents) et les purificateurs d'eau et machines distributrices d'eau potable.
Photo : AFP
ECRIT PAR
Claude FOUQUET
Journaliste
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