L'Autorité des marchés financiers a annoncé jeudi 10 novembre l'ouverture d'une enquête sur l'information erronée diffusée dans la journée par l'agence de notation Standard and Poor's au sujet d'une prétendue dégradation de la note souveraine française. Paris avait demandé plus tôt à l'AMF et à l'Autorité de supervision financière européenne de se saisir de l'affaire.
L'agence de notation financière Standard and Poor's (S&P) a en effet reconnu avoir diffusé par erreur à certains de ses abonnés un "message" annonçant que la note de la France avait été abaissée, au risque d'attiser la nervosité extrême des marchés face à la contagion de la crise de la dette en Europe. "Ce n'est pas le cas : la note de la République française est inchangée à 'AAA', assortie d'une perspective stable, et cet incident n'est pas lié à une quelconque activité de surveillance de la note", indique le communiqué de l'agence.
Le ministre français des finances, François Baroin, avait qualifié de "rumeur assez choquante ces informations qui ne correspondent à aucun fondement". "On ne laissera aucun message négatif passer. On a une stratégie, on a un rendez-vous en matière de déficits qui est fixé. On ne variera pas d'un iota", a-t-il déclaré jeudi à Lyon en marge d'une conférence sur l'économie.
Vendredi 11 novembre, le commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier a, lui, parlé d'"incident grave". Cela "montre que dans la situation extrêmement volatile et tendue des marchés actuellement, les acteurs de ces marchés doivent faire la preuve d'une rigueur et d'un sens particulier de la responsabilité", a-t-il rappelé.
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, parle lui d'"un festival". "Si les agences de notation (...) se trouvent dans cette situation d'imprécision et de non professionnalisme c'est assez désolant", a-t-il ajouté sur l'antenne d'I-Télé.
LA PREMIÈRE ALERTE DE MOODY'S
Cette erreur, sur laquelle l'agence de notation a promis de faire la lumière, intervient alors que l'écart entre le taux des obligations à dix ans de l'Allemagne et de la France sur le marché de la dette a atteint un nouveau record historique jeudi, au-delà des 170 points de base. Cet écart reflète la différence de traitement par les investisseurs entre les deux pays, pourtant l'un et l'autre notés triple A par les agences.
Mi-octobre, l'agence Moody's avait donné un premier coup de canif au triple A de la France, en annonçant qu'elle se donnait trois mois pour déterminer si la perspective "stable" de la note était toujours justifiée, au vu de la dégradation de la situation économique. Cette annonce a joué un rôle dans la décision du gouvernement français d'annoncer lundi un nouveau plan d'austérité, qui prévoit des économies de 7 milliards d'euros en 2012. Ce programme d'austérité est venu s'ajouter à un précédent train de mesures fin août censées rapporter 12 milliards de recettes supplémentaires en 2011 et 2012.
La France bénéficie actuellement de la meilleure note possible de la part des trois agences de notation que sont Moody's, Standard & Poor's et Fitch Ratings. Cela lui permet d'emprunter sur les marchés dans des conditions théoriquement très favorables. Les agences de notation, qui évaluent pour les investisseurs la capacité des Etats ou des entreprises à honorer leur dette, sont accusées de dicter leur loi aux gouvernements de la zone euro, qui multiplient les gages de bonne volonté à l'égard des marchés pour ne pas mettre en péril le financement de leur dette.
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